Publié par Sherry Cooper
La Banque du Canada hausse le taux à un jour de 50 pb, à 4,25 %.
La Banque du Canada a haussé les taux de 50 points de base
Le Conseil de direction de la Banque du Canada a augmenté sa cible pour le taux directeur à un jour de 50 points de base (pb) aujourd’hui, le portant à 4,25 %. Il a aussi indiqué qu’il « évaluera s’il est nécessaire de relever encore le taux directeur pour ramener l’offre et la demande en équilibre et l’inflation à la cible ». Il est ainsi plus nuancé que lors de décisions précédentes, quand il affirmait que les taux devraient encore grimper. Certains en déduisent que la Banque du Canada fera maintenant une pause, voire un changement de cap. Je ne suis pas de cet avis.
Je m’attends à d’autres hausses de taux l’année prochaine, mais des hausses moins marquées, et pas à chaque date de décision. Je crois aussi que la Banque évitera de réduire le taux directeur avant 2024.
La Banque nous a dit aujourd’hui que « plus les consommateurs et les entreprises s’attendent à ce que l’inflation reste au-dessus de la cible, plus l’inflation élevée risque de s’enraciner ». L’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC) s’est maintenue à 6,9 % en octobre, « de nombreux biens et services de consommation courante affichant des augmentations de taille. Les mesures de l’inflation fondamentale restent autour de 5 %. Leurs taux de variation sur trois mois ont toutefois baissé, signe précoce que les pressions sur les prix pourraient être en train de s’alléger. Cela dit, l’inflation est encore trop forte et les attentes d’inflation à court terme demeurent élevées. »
L’économie reste en situation de demande excédentaire, et le marché du travail est très serré. Le taux de sans-emploi a chuté à 5,1 % en novembre, et le nombre de postes vacants a augmenté en septembre. L’inflation salariale ressort à 5,6 % sur un an en novembre, le même niveau que le mois passé. C’est le sixième mois de suite où il est à plus de 5 %. L’inflation globale et l’inflation fondamentale ont baissé par rapport à leurs sommets récents, mais restent largement au-delà de la cible de 2 %.
La Banque surveillera les prochaines données, surtout sur le marché du travail, qui est surchauffé avec un taux de sans-emploi au plus bas. Le marché du logement a baissé nettement ces derniers mois, mais tant que les marchés du travail sont serrés, tout ralentissement dans les autres secteurs sera atténué. La Banque du Canada s’attend maintenant à ce que l’économie « stagnera » dans le trimestre actuel et au premier semestre de l’année prochaine.
En somme
Ce sera sans doute la dernière grande hausse de taux du présent cycle. Le Conseil de direction de la Banque du Canada tiendra sa prochaine réunion le 25 janvier. Il décidera alors d’augmenter ou non les taux en fonction des données. S’il le fait, ce sera probablement de 25 pb. Même s’il ne le fait pas cette fois-là, il ne faut pas exclure d’autres hausses plus tard dans l’année si la demande reste excédentaire. Je m’attends à ce que la politique monétaire soit encore resserrée, que le marché boursier reste en baisse et que les prix des maisons subissent encore une correction.
Les prix de référence des logements au Canada sont déjà en baisse de presque 10 % à l’échelle nationale. Plusieurs banques à charte nous ont dit cette semaine que plus de 25 % des prêts hypothécaires résidentiels ont une période d’amortissement réelle de 35 ans ou plus. Lors du renouvellement, ces institutions prévoient accorder des hypothèques amorties sur 25 ans, ce qui suppose une forte hausse des paiements mensuels. Cela se concrétisera peut-être seulement dans trois ou quatre ans, mais il est évident que de nombreux ménages pourraient être en difficulté à moins que les taux hypothécaires ne chutent d’ici là. Je ne pense pas que sur cette période le taux directeur puisse baisser sous son niveau d’avant la COVID, soit 1,75 %, parce que l’inflation était alors à moins de 2 % et il est improbable qu’elle y revienne. Même si les contraintes de l’offre s’atténuent, la mondialisation a plafonné. Les semi-conducteurs produits aux États-Unis ne seront pas aussi bon marché, et de nombreux loyers, prix et salaires seront très rigides.