Publié par Sherry Cooper
La baisse des prix de l’essence ralentit l’inflation, mais pas assez pour tout le monde.
Les prix de l’essence ont baissé, mais il n’y a pas de quoi célébrer
Nous sommes tous reconnaissant de voir les prix de l’essence redescendre en juillet après avoir atteint des sommets historiques, mais les données révèlent que l’élan de l’inflation sous-jacente reste plus fort que souhaitable. Après la prochaine décision de la Banque du Canada, le 7 septembre, le gouverneur Tiff Macklem annoncera probablement encore une hausse notable du taux directeur. D’après le marché des swaps, les opérateurs boursiers parient qu’il pourrait y avoir une hausse aussi bien de 50 points de base que de 75 le mois prochain.
En juillet, l’Indice des prix à la consommation (IPC) était en hausse de 7,6 % par rapport à un an plus tôt, contre 8,1 % en juin. La baisse reflète la plus forte diminution des prix de l’essence depuis le début de la pandémie.
D’un mois à l’autre cependant, l’inflation a progressé de 0,1 % par rapport à juin. C’est la septième hausse mensuelle consécutive. Sans l’essence, les prix se sont accrus de 6,6 % d’une année à l’autre le mois dernier, après l’avoir fait de 6,5 % en juin, avec une pression haussière restant généralisée.
Les consommateurs ont payé 9,2 % de moins pour l’essence en juillet comparativement au mois précédent. Il s’agit de la baisse mensuelle la plus marquée depuis avril 2020. Les préoccupations persistantes relatives au ralentissement économique mondial, ainsi que l’augmentation des restrictions de santé publique liées à la pandémie de COVID-19 en Chine et le ralentissement de la demande d’essence aux États-Unis ont entraîné une diminution de la demande mondiale de pétrole brut, ce qui a exercé une pression à la baisse sur les prix à la pompe.
Sur une base mensuelle, les prix de l’essence ont le plus reculé en Ontario (-12,2 %) où le gouvernement provincial a temporairement réduit la taxe sur l’essence.
La hausse d’une année à l’autre des prix des aliments achetés en magasin en juillet (+9,9 %) a été supérieure à celle observée en juin (+9,4 %). Les prix des produits de boulangerie (+13,6 %) ont poursuivi leur progression à un rythme plus rapide, sous l’effet des prix toujours élevés du blé. La hausse des prix des intrants et l’incertitude relative à l’approvisionnement mondial liée à l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont continué d’exercer une pression à la hausse sur les prix mondiaux du blé, dans un contexte où l’offre était déjà limitée.
D’autres aliments ont aussi connu une croissance accélérée des prix, y compris les boissons non alcoolisées (+9,5 %), le sucre et confiseries (+9,7 %), les fruits en conserve et préparations à base de fruits (+10,4 %), les œufs (+15,8 %), les fruits frais (+11,7 %) et le café et thé (+13,8 %).
D’une année à l’autre, l’indice du coût de l’intérêt hypothécaire (+1,7 %) s’est accru pour la première fois depuis septembre 2020, compte tenu des rendements élevés des obligations et de l’augmentation des taux d’intérêt.
D’une année à l’autre, la croissance des autres dépenses pour le logement en propriété (+9,7 %) et du coût de remplacement par le propriétaire (+9,1 %) a ralenti, par suite des tendances actuelles dans de nombreux marchés de l’immobilier régionaux au Canada.
Dans le contexte de la hausse des taux hypothécaires, qui pourrait engendrer une hausse de la demande de logement locatif, le loyer s’est accru de 4,9 % en juillet comparativement au même mois en 2021. Il avait augmenté de 4,3 % en juin. L’accélération de la croissance des prix dans l’indice du loyer s’explique principalement par les hausses accrues en Ontario (+6,4 %) et en Alberta (+3,4 %).
En somme
Avec un peu de chance, les pressions sur les prix seraient à leur sommet. Le graphique ci-dessus indique les plus récentes prévisions d’inflation de la Banque du Canada. La Banque du Canada a estimé que l’inflation sera en moyenne de 8 % encore au troisième trimestre de 2022, puis ralentira. Maintenant, il se peut que l’estimation soit révisée un peu à la baisse. Voilà pourquoi environ la moitié des opérateurs boursiers s’attendent à une hausse de taux de 50 points de base le mois prochain, au lieu des 75 points de base qui étaient largement prévus il y a un mois. Quoi qu’il en soit, le taux préférentiel augmente plus rapidement que le rendement des obligations du gouvernement du Canada sur cinq ans, faisant que les taux hypothécaires fixes sont relativement plus attrayants que les taux variables liés au taux préférentiel. Peu importe quelle est la voie exacte que suivra la Banque du Canada à sa prochaine réunion, elle maintiendra le cap pendant un certain temps.
Les banques centrales ne peuvent pas revenir à une politique d’argent facile sans risquer une nouvelle poussée d’inflation. Même si l’économie canadienne a nettement ralenti au deuxième semestre cette année, les marchés du travail restent très serrés, et la banque centrale reste en retard sur les événements. Avec du recul, nous savons qu’elle a maintenu les taux trop bas trop longtemps, suscitant une demande excédentaire surtout dans le secteur surchauffé de l’habitation. Laisser les choses décanter, surtout dans les marchés immobiliers les plus dispendieux et les plus effervescents du pays, telle est l’option la plus prudente pour la Banque.