Publié par Sherry Cooper
Décision énergique de la Banque du Canada.
La Banque du Canada réagit à la hausse de l’inflation : fin de l’assouplissement quantitatif et devancement d’une augmentation de taux
La Banque du Canada a surpris les marchés aujourd’hui en adoptant une attitude plus énergique sur l’inflation et l’économie. La Banque a publié son très attendu Rapport sur la politique monétaire (RPM) d’octobre, contenant les messages clés suivants :
- L’économie canadienne a accéléré vivement au deuxième semestre.
- Les marchés du travail se sont améliorés, surtout dans les secteurs où la distanciation est difficile. Même s’il reste des capacités excédentaires, de nombreuses entreprises ne parviennent pas à trouver les travailleurs qu’il leur faut assez rapidement pour satisfaire à la demande.
- Les perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales se sont aggravées et limitent la production de certains biens, entraînant une hausse des coûts et des prix.
- L’écart de production serait moindre que ce qui était projeté en juillet. La Banque prévoit maintenant que la capacité excédentaire sera absorbée d’ici le deuxième ou le troisième trimestre de l’année prochaine, un trimestre plus tôt qu’elle ne le pensait précédemment.
- Étant donné les contraintes persistantes de l’offre et la hausse des prix de l’énergie, la Banque anticipe que l’inflation restera au-dessus de la fourchette cible plus longtemps que prévu avant de revenir près de 2 % vers la fin de 2022.
- La Banque juge que les risques entourant la présente projection de l’inflation sont relativement équilibrés.
Compte tenu de ses prévisions révisées, la Banque a annoncé qu’elle met fin à l’assouplissement quantitatif et amorce la phase de réinvestissement, durant laquelle elle achètera des obligations du gouvernement du Canada uniquement pour remplacer celles qui viennent à échéance. La Banque est maintenant propriétaire d’environ 45 % des obligations du gouvernement du Canada en circulation.
La Banque a annoncé aujourd’hui qu’elle maintient le taux cible du financement à un jour à sa valeur plancher de ¼ %. Voilà qui est conforme aux attentes, mais la Banque a revu ses indications prospectives. Elle a devancé le moment envisagé de la première hausse du taux à un jour, qui se ferait dans les trimestres du milieu – entre avril et septembre – plutôt qu’au second semestre de 2022.
Les négociants en obligations canadiens avaient déjà fait le pari qu’une augmentation du taux surviendrait au premier ou au deuxième trimestre. Malgré tout, les rendements obligataires étaient en hausse à 10 h aujourd’hui quand la Banque a annoncé sa décision.
En somme
Depuis la dernière réunion de la Banque au début de septembre, le rendement des obligations du gouvernement du Canada à cinq ans a grimpé de 60 points de base, passant de 0,80 % à 1,40 %. C’est une augmentation impressionnante de 75 %. Il y a un an, le rendement des obligations à cinq ans était d’à peine 0,37 %.
La Banque croit que la montée de l’inflation est transitoire, mais cela ne signifie pas qu’elle sera brève. L’inflation annuelle mesurée par l’IPC se situait à environ 4,4 % en septembre et devrait augmenter pour avoisiner 4,75 % en moyenne jusqu’à la fin de l’année. Le gouverneur Macklem croit maintenant que l’inflation restera au-delà de la plage cible de la Banque – qui est de 1 à 3 % – jusque vers la fin de l’année prochaine.
Il y a par ailleurs une grande incertitude au sujet de l’ampleur de la capacité excédentaire dans l’économie. Il est toujours difficile de la mesurer, surtout aujourd’hui que le chômage reste élevé, soit 6,9 %, alors que des secteurs comme la restauration et le commerce de détail font face à des pénuries de main-d’œuvre. Des changements structurels sont en cours dans la population active. De nombreux anciens travailleurs de la restauration ont changé de cap ou sont réticents à reprendre des emplois assortis de risques de contagion et de mauvaises conditions de travail. Il y a eu une forte augmentation de retraites anticipées pendant la pandémie, en même temps qu’un manque de nouveaux immigrants.
En ce qui concerne le secteur de l’habitation, le RPM fait le point comme suit : « L’activité sur le marché du logement devrait rester forte en 2022 et 2023, après avoir diminué par rapport aux sommets historiques atteints récemment. Des niveaux plus élevés d’immigration, de solides revenus et des conditions de financement favorables appuieront une vigueur soutenue. La construction étoffera l’offre de logements et devrait contribuer à modérer la progression des prix. »