Publié par Sherry Cooper
Contraction inattendue de l’économie canadienne au deuxième trimestre.
Le marché du logement amortit l’économie au deuxième trimestre
Selon le plus récent communiqué de Statistique Canada, l’économie a connu au deuxième trimestre un recul inattendu de 1,1 %, alors qu’elle avait progressé de 5,5 % (révisé) au premier trimestre de l’année. Le dollar a baissé, à 0,7921 $, la propagation du variant Delta suscitant des questions quant à la résilience de l’économie. Selon un sondage Bloomberg, les économistes prévoyaient une expansion de 2,5 %. La déception est d’autant plus grande que la croissance économique a encore reculé de 0,4 % en juillet, d’après une estimation préliminaire.
La faiblesse des données sur le PIB réduit la probabilité que la Banque du Canada décide d’atténuer ses achats d’obligations lors de sa réunion du 8 septembre. Elle met aussi en lumière le degré auquel l’économie reste en deçà de son plein potentiel – ce qui est un problème de taille. La Banque a prévu que cet écart de productivité se résorbera d’ici le milieu de 2022. Cela reste incertain, mais nous continuons de croire que la croissance reprendra au troisième trimestre.
Les augmentations de l’investissement des entreprises en stocks, des dépenses de consommation finale des administrations publiques, de l’investissement des entreprises en machines et matériel et de l’investissement en construction de logements neufs et en rénovations n’ont pas été suffisantes pour faire contrepoids aux diminutions observées au chapitre des exportations (-4,0 %) et des coûts de transfert de propriété (-17,7 %), qui incluent tous les coûts associés au transfert d’un actif résidentiel d’un propriétaire à un autre.
L’investissement en logement refaçonne l’économie
Depuis le troisième trimestre de 2020, l’investissement en logement est devenu le principal facteur qui contribue à l’activité économique et au stock de capital, le stock de capital résidentiel ayant dépassé le stock de capital non résidentiel. De plus, l’investissement moyen en logement pour les quatre trimestres précédents était supérieur de 17 % à la moyenne des cinq dernières années.
La construction de logements neufs et les rénovations – soit les composantes du stock de capital résidentiel – ont enregistré une croissance soutenue depuis le troisième trimestre de 2020. Le travail à domicile, les économies entraînées par une réduction des déplacements et de la participation à d’autres activités, la faiblesse des taux hypothécaires et la croissance des marges de crédit hypothécaires ont continué de faire croître les dépenses en logements neufs (+3,2 %) et en rénovations domiciliaires (+2,4 %).
Les ménages, qui avaient contracté 62,3 milliards de dollars de dette hypothécaire résidentielle au cours de la deuxième moitié de 2020, ont ajouté 84,2 milliards de dollars de dette hypothécaire résidentielle au cours de la première moitié de 2021.
Les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement continuent d’avoir des répercussions sur les véhicules automobiles
Les pénuries de micropuces et d’autres intrants ont réduit les ventes de véhicules automobiles et la consommation intérieure. Les ménages ont acheté moins de voitures automobiles neuves (-7,2 %) et de camions, fourgonnettes et véhicules utilitaires sport neufs (-1,6 %), alors que l’investissement des entreprises en camions lourds et de poids moyen, autobus et autres véhicules automobiles a accusé un recul de 34,2 %. La fermeture prolongée des usines en raison des perturbations dans la chaîne d’approvisionnement internationale a limité les importations de pièces et a entraîné des diminutions importantes des exportations. La faible production de véhicules automobiles et de pièces a donné lieu à une baisse de 18,9 % des exportations de voitures automobiles et de camions légers et à un recul de 8,7 % des exportations de pneus, de moteurs et de pièces de véhicules automobiles. Une baisse importante des stocks a été observée de nouveau au deuxième trimestre, en réponse aux besoins en matière d’approvisionnement.
Le taux d’épargne des ménages se situe toujours dans les deux chiffres
La croissance du revenu disponible (+2,2 %) a été supérieure à la légère augmentation des dépenses des ménages (+0,7 %, en valeur nominale), ce qui s’est traduit par une croissance de l’épargne nette des ménages par rapport au trimestre précédent. L’augmentation du revenu des ménages est principalement attribuable aux hausses de la rémunération des salariés et des transferts gouvernementaux, lesquelles ont été en partie contrebalancées par une augmentation de 2,8 % de l’impôt sur le revenu des particuliers.
Le taux d’épargne a donc atteint 14,2 % – le cinquième trimestre consécutif pour lequel il se situe à deux chiffres –, les diverses restrictions et l’incertitude découlant de la pandémie ayant continué de limiter la consommation des ménages. Le taux d’épargne des ménages est agrégé sur l’ensemble des classes de revenus; en général, les taux d’épargne sont plus élevés dans les quintiles de revenus supérieurs.
En somme
Les données d’aujourd’hui sont déjà, à certains égards, de l’« histoire ancienne ». Il reste largement prévu que l’économie rebondira au troisième trimestre. Vu la montée de l’épargne des ménages et le revenu personnel disponible qui continue d’augmenter, la demande refoulée stimulera sans doute la consommation pour le reste de cette année. Il reste à voir ce que sera le rapport sur l’emploi en août, qui sera publié le vendredi 10 septembre. La Banque du Canada continuera sans doute d’agir prudemment. Une nouvelle atténuation du programme d’achat d’obligations sera examinée de près, et les indications prospectives continueront de ne prévoir aucune augmentation de taux avant le deuxième trimestre de l’an prochain.