L’entrepreneure vedette de HGTV Sandra Rinomato.
Après avoir été animatrice des émissions Property Virgins et Buy Herself, Sandra Rinomato a bouclé la boucle : elle se consacre de nouveau à l’immobilier dans le marché de Toronto.
Elle a débuté dans l’immobilier presque par accident. Au milieu des années 1990, la future vedette de la télévision envisage d’ouvrir un café à Toronto. Elle demande à un ami courtier immobilier commercial de l’aider à trouver un local. Il s’exécute, mais il lui pose une question vitale : pourquoi voulait-elle travailler si fort?
« Je lui ai dit que je ne voulais pas travailler fort, mais travailler intelligemment », raconte Sandra Rinomato 22 ans plus tard.
L’ami lui suggère dès lors, au lieu de vendre du café, d’obtenir son permis d’agent immobilier. C’est ce qu’elle fait. Elle entame sa carrière immobilière dans un secteur prestigieux d’Etobicoke, et elle a la chance de le faire à un moment où le marché est favorable.
Dans un secteur où ça passe ou ça casse, elle se taille rapidement une place. Son aisance à traiter avec les gens la sert bien, surtout dans des opérations portes ouvertes.
« C’était une excellente expérience d’apprentissage, de faire des portes ouvertes et de faire affaire directement avec les gens, dit-elle. Il faut dire que tout le monde aime bien discuter d’immobilier. L’expérience lui apprend aussi à comprendre les perceptions qu’a le public de l’immobilier et ce que les gens ordinaires considèrent comme une bonne maison.
En 2006, la réussite et la personnalité de Sandra lui valent d’obtenir le rôle d’animatrice de la populaire émission Property Virgins sur la chaîne HGTV.
Pendant sept saisons, elle parcourt le continent en tous sens, prodiguant des conseils à des acheteurs d’une première maison.
En 2011, elle quitte l’émission pour tenir la vedette une année de plus dans une autre émission de HGTV, Buy Herself. Cette série portait sur des femmes seules qui achetaient leur première maison.
Sandra Rinomato a été la première étonnée du succès de Property Virgins. Elle admettra qu’au début, elle se demandait qui voudrait bien regarder une émission sur son boulot quotidien.
« L’émission était suivie par des téléspectateurs de 5 ans aussi bien que de 80 ans, dit-elle. C’était merveilleux. »
Sandra considère que sa période à la télévision était heureuse, mais aussi beaucoup de travail. En 2016, elle se sent épuisée et elle est prête à passer à autre chose.
Aujourd’hui, elle est retournée à son premier coup de foudre : l’immobilier. Elle s’emploie à gérer sa maison de courtage immobilier florissante, Sandra Rinomato Realty Inc. En quittant la télé, la résidente de Toronto s’est retrouvée.
« Je suis si bien d’être une courtière immobilière et d’être une personne ordinaire », dit-elle, expliquant qu’elle a même le temps de rencontrer des amies pour un souper un soir de semaine, alors qu’elle n’en avait pas le loisir quand elle était à la télévision.
Sandra a récemment pris un moment pour discuter avec Notre maison au sujet de certains de ses sujets de prédilection : l’immobilier, le marché actuel et l’autonomisation des femmes.
Prospérer dans un marché concurrentiel
Notre maison : Qu’est-ce qui vous passionne dans l’immobilier?
Sandra : J’aime le fait que chaque journée est différente, chaque client est différent, chaque propriété est différente, chaque négociation est différente. J’aime rencontrer des gens et je me nourris de leur énergie. J’aime aussi partager mes connaissances et mon expertise avec les autres. Moi-même, quand je vais voir un professionnel, je sais que j’en profite réellement quand c’est quelqu’un qui a beaucoup de connaissances.
Quels conseils donnez-vous à un client, surtout l’acheteur d’une première maison, quand vous le rencontrez la première fois?
Le plus important est de communiquer et d’être honnête – y compris avec soi-même. Et créez un plan. Sachez que votre plan pourrait dérailler un moment donné, mais si vous avez un plan, vous pouvez avancer vers votre but. Il n’est pas facile d’acheter une maison. Peu importe quel est votre budget, il n’est pas facile de trouver tout ce que vous voulez ou tout ce dont vous rêvez. Comprenez que c’est un gros achat. C’est sérieux, et ça influencera votre vie. Si vous n’y êtes pas prêt, il y a de bonnes chances que vous allez abandonner et louer.
Quelles sont les erreurs que vous voyez chez les personnes qui achètent une maison?
Les acheteurs d’une première maison ne comprennent pas le financement. Ils vont en ligne, ils font une préapprobation en ligne et ils se disent : « Oh, je peux obtenir tel montant parce que je gagne tant. » Ce n’est pas une préapprobation. Et quand vous obtenez réellement une préapprobation d’un prêteur, il peut y avoir des conditions : rembourser votre compte de carte de crédit ou vos prêts d’étudiant… Et il y en a beaucoup qui font l’erreur de ne pas le prendre au sérieux. Ils commencent à chercher une maison et découvrent trop tard qu’ils doivent faire ça avant d’obtenir leur prêt hypothécaire. L’autre erreur, surtout chez ceux qui achètent la première fois, est qu’ils pensent avoir d’emblée leur maison pour la vie. En fait, il faut y aller un pas à la fois. Ce n’est peut-être pas ce que vous voulez, mais à Toronto ou à Vancouver, la première étape est un condo. Les gens veulent peut-être une maison, et c’est possible d’y arriver. Mais d’abord, achetez un condo, habituez-vous à gérer un budget et à être propriétaire, et faites monter votre capital dans le condo… Ensuite, vous pourrez passer à autre chose. Par ailleurs, nombreux sont ceux qui ne savent pas que les prêts hypothécaires sont des produits et qu’il y a beaucoup de produits différents et beaucoup d’aspects à prendre en compte à part le taux d’intérêt. Par exemple, il ne faut pas présumer que vous obtiendrez une période d’amortissement de 25 ans. Consultez un professionnel hypothécaire pour savoir quelles sont vos options.
Que pensez-vous du marché immobilier, aujourd’hui au Canada, et comment pensez-vous qu’il va évoluer?
Je peux vous dire ce qui se passe à Toronto, et ça va un peu dans tous les sens. Il y a tous les segments de marché. Les condos vont mieux que tous les autres types de biens immobiliers. Il y a beaucoup d’activité, et les prix ont augmenté sensiblement depuis six mois, parce que c’est le dernier refuge, le dernier produit abordable. Toronto s’est développé. Je sais qu’à Vancouver, des gens élèvent des familles dans des condos, et c’est ce qui arrive à Toronto. Ce n’est pas négatif. Au centre de Toronto, il n’y a réellement aucune hésitation. Quelle que soit la raison, la périphérie ou la banlieue ont souffert. Je ne sais pas pourquoi. Je ne me l’explique pas. De nombreuses propriétés ne se vendent pas. Elles restent sur le marché. Je regarde les statistiques pour mon secteur autour du bureau. Nous sommes en hausse de seulement 4 % depuis l’an passé. Mais nous ne sommes pas en baisse de 40 %, comme certains semblent vouloir le croire. Dans les trois derniers mois, les chiffres ont grimpé de 8 %. La petite anomalie est passée, et je crois que nous en sommes sortis indemnes. Le problème ici à Toronto est l’infrastructure. Il y a du terrain qui pourrait être construit, mais il n’y a pas d’argent pour ériger des usines de traitement de l’eau, donc il n’est pas encore possible de construire. Même avec ce qui se passe à la périphérie de Toronto, avec la baisse du marché, c’est temporaire, parce que les gens doivent habiter quelque part, et la population augmente rapidement. Si vous croyez que c’est cher à Toronto aujourd’hui, attendez et vous verrez.
Est-ce que vous avez vu les règles qui sont entrées en vigueur en janvier pour les prêts hypothécaires?
Oui. Les gens sont admissibles à des montants inférieurs. J’ai de la sympathie pour les gens qui ont attendu d’accumuler leur mise de fonds de 20 %, parce que c’est beaucoup de travail et beaucoup de temps pour économiser autant après l’impôt, et ils voulaient éviter les frais de la SCHL pour les hypothèques à ratio élevé. Maintenant, vous pouvez avoir un prêt hypothécaire conventionnel, et ils viennent imposer ces règles. Subitement, vous voyez que votre pouvoir d’achat a baissé de 150 000 $, et vous n’êtes plus dans le marché. Je ne suis pas contre un test de résistance pour vérifier que les gens peuvent se payer une maison, mais je crois que les banques et autres prêteurs canadiens ont toujours été conservateurs, et cela a été efficace pour notre pays. Je pense qu’il devrait y avoir un peu de latitude, pour ceux qui doivent renouveler dans quelques années et qui ne seraient peut-être pas admissibles en fonction du test de résistance lorsqu’ils devront renouveler leur prêt hypothécaire. Je ne sais pas comment ça ira. J’ai des clients qui sont inquiets, et je suis inquiète pour eux.
À quel point est-ce que le financement et le budget sont importants dans l’achat d’une maison?
La question du financement et du budget est cruciale. Il ne s’agit pas simplement d’aller à la banque voir combien d’argent on peut obtenir. Il faut calculer ce que vous dépensez en comptant tout, tout le long d’un mois : vos dépenses fixes et tout ce que vous achetez. Si vous mettez tout sur une carte de débit ou de crédit, vous recevez un relevé des transactions à la fin du mois. Vous voyez ce que vous dépensez, vous connaissez vos coûts fixes, et puis il y a ce que devez prévoir pour des vacances, des cadeaux ou des sorties que vous n’aviez pas dans ce mois, et il y a vos économies. Ajoutez 10 % de votre revenu ou ce que vous voulez pour vos économies. Voilà combien d’argent il vous faut chaque mois pour vivre. Quand vous regardez ça, vous pouvez paniquer. C’est le chiffre réel. Évidemment, vous devez savoir ce que la banque vous prêtera, mais vous devez aussi savoir ce que vous dépensez. Ne vous mentez pas en disant que vous allez arrêter de dépenser sur telle ou telle chose. Si c’est ce qui vous apporte du bonheur et qui vous motive à vous lever le matin, vous n’allez pas arrêter. Reconnaissez-le et acceptez-le. Alors, vous savez quel montant de prêt hypothécaire vous pouvez vous permettre. C’est ce que ça signifie.
Comment voyez-vous le rôle d’un courtier hypothécaire dans l’achat d’une maison?
Il est essentiel. Je n’ai pas à dire aux gens à qui s’adresser. Je fais mes recommandations, uniquement parce que je sais que nous devrons peut-être parler à quelqu’un un samedi soir, dans une situation où il y a des offres multiples. Nous aurons besoin de renseignements exacts. Or parfois, si vous vous allez à une succursale bancaire, vous ne pouvez pas nécessairement parler à un professionnel hypothécaire. Donc j’insiste pour que le client fasse affaire avec un professionnel hypothécaire.
L’immobilier à l’heure du #MoiAussi
Des années avant que le mouvement #MoiAussi devienne un phénomène mondial, Sandra Rinomato pensait déjà à l’autonomisation des femmes.
Après des années de succès à l’émission Property Virgins sur HGTV, la courtière immobilière de Toronto s’est attaquée à une nouvelle série, Buy Herself. Celle-ci visait à aider les femmes seules à acheter leur première maison et faire leur entrée sur le marché de l’immobilier.
Sandra Rinomato dit qu’elle a été inspirée à animer cette émission parce que le fait qu’une femme achète elle-même une propriété était toujours considéré comme une anomalie – même si les femmes seules représentent un acheteur sur quatre, alors que les hommes seuls ne sont qu’un sur dix.
Pour elle, « il ne devrait pas sembler étrange qu’une femme achète une maison ». Après des années d’expérience pourtant, elle constate des éléments communs qui peuvent créer un frein pour les femmes.
Elle croit plutôt que les femmes sont bien plus économes que les hommes, et peuvent accumuler une plus forte mise de fonds. En revanche, elles ont de la difficulté à se décider pour un achat. Elle pense que les femmes craignent de perdre les réserves qu’elles ont constituées à grande peine.
« Elles laissent leur frugalité et leurs craintes saboter ce à quoi elles ont travaillé pendant des années », dit Sandra. Elle ajoute que pourtant, l’achat d’une maison est ce qui les mettrait sur la voie de la liberté financière.
Elle en a trouvé un exemple édifiant quand elle animait Buy Herself.
Dans un magasin de meubles local, Sandra rencontre la gérante : une femme dans la cinquantaine avancée. Les propriétaires ont décidé de fermer la succursale, et la gérante va se retrouver sans emploi. Plutôt que de s’en faire, cette femme l’informe qu’il lui reste seulement quelques paiements à faire sur sa maison, et qu’ensuite un travail à mi-temps lui suffira.
« Elle avait des options, fait remarquer Sandra. Si elle ne s’était pas lancée des années plus tôt quand elle a acheté sa maison, elle serait en difficulté. »
Sandra est bien consciente de la façon dont les femmes sont traitées dans son industrie. Elle a elle-même ressenti de la discrimination sexuelle. Elle a vu des hommes tenter d’intimider les jeunes femmes dans sa propre maison de courtage.
Elle considère que le mouvement #MoiAussi ne peut que prendre de l’élan, mais elle insiste que ce n’est pas un mouvement contre les hommes : il s’agit seulement de changer des perceptions.
« Il est ridicule de penser que les femmes valent moins simplement parce qu’elles sont des femmes. »