Hors des sentiers battus.
La plupart des Canadiens ont une idée précise de ce qu’est un logement. C’est par exemple une maison unifamiliale, une maison en rangée, ou un condo. Daniel Croft, vice-président de l’entreprise Giant Container Services, propose autre chose!
Dans la quête de logements moins coûteux et de solutions de rechange à la maison conventionnelle, nous avons vu apparaître de nombreuses nouvelles idées dans la dernière décennie. Depuis les maisons-conteneurs aux micromaisons et même aux yourtes, les Canadiens et les fabricants canadiens commencent à reconsidérer ce qu’est une demeure.
Maisons-conteneurs
Depuis plus de 10 ans, l’entreprise torontoise Giant Container Services transforme des conteneurs d’expédition en maisons. Au début des années 2000, le grand-père de Daniel Croft, qui a des racines dans l’industrie du camionnage, constate que des conteneurs sont utilisés pour faire de l’entreposage. Cette observation est l’étincelle qui mènera à la mise sur pied d’une nouvelle activité : transformer des conteneurs en logements.
Tout a commencé avec 100 conteneurs, et les affaires n’ont cessé de se développer depuis! M. Croft signale qu’il y a « un énorme intérêt pour les maisons-conteneurs », et son entreprise a des projets en conséquence, y compris des ensembles de condos construits avec des centaines de conteneurs.
Il précise que bon nombre de ses clients utilisent des conteneurs pour des résidences de vacances, mais la demande continue de grandir. Actuellement, Giant Container propose quatre modèles, allant de 320 pieds carrés, 1 chambre et 1 salle de bain, jusqu’à 960 pieds carrés, 2 chambres et 2 salles de bain. Et pour à peine 85 $ le pied carré! Un conteneur n’est au fond qu’une structure d’acier préfabriquée, mais il peut être aménagé comme une maison, avec la même installation électrique et la plomberie qu’on trouverait dans une construction traditionnelle. Son entreprise aide aussi les propriétaires à assembler des conteneurs.
S’étant fait la main dans le secteur des petites maisons, M. Croft considère que la préfabrication de structures habitables, comme ces conteneurs, est la voie de l’avenir pour l’accession à la propriété. Une maison-conteneur est non seulement abordable, mais en outre elle peut être déplacée à relativement peu de frais, et elle est plus durable qu’une maison traditionnelle à ossature de bois.
Interrogé sur le profil des personnes qui achètent des maisons-conteneurs, M. Croft indique que ses clients peuvent être aussi bien des milléniaux que des couples dans la quarantaine. Selon lui, ses clients et les consommateurs de son marché cible « savent qu’ils veulent vivre dans une maison-conteneur, ils aiment son allure et ils aiment l’aspect durabilité ». Il admet qu’il a tardé à le comprendre, mais il estime réellement que c’est l’avenir.
Micromaisons
Alors que les Canadiens se soucient de plus en plus de logement abordable et d’environnement, il est facile de concevoir que les petites maisons pourraient être la voie d’un nouvel avenir écologique.
De fait, en Colombie-Britannique, une entreprise appelée Nomad Micro Homes a aussi connu un engouement pour ses produits. Elle propose deux types de micromaison : la NOMAD Cube et la NOMAD Micro. La Micro se vend 25 500 $ US (version studio; la version chambre d’amis est à 27 800 $ US), et la Cube, 38 800 $ US.
Le fondateur et PDG de Nomad Micro Homes, Ian Kent, précise que le produit est fourni « prêt à monter », un peu comme un meuble chez Ikea. Ses maisons sont simples, mais des gens les utilisent comme résidence principale. Il faut noter que les maisons de Nomad ne sont pas sur roues, comme le sont certaines micromaisons.
M. Kent indique que son entreprise vend une trentaine de maisons par année, mais pourrait au besoin en produire des milliers. Il considère la micromaison comme une des réponses possibles à la pénurie de logements locatifs dans le Lower Mainland de la Colombie-Britannique : « Elle est un logement intercalaire à très faible impact; elle est petite et privée; personne ne s’y oppose, et elle ne dérange personne. Et elle fournit le logement le plus abordable dans le Lower Mainland! »
En effet, elle pourrait être l’option qu’il nous faut pour les sans-abri et autres qui n’ont pas les moyens d’acheter ou de louer un logement aux prix du marché. Uniquement à Vancouver, il y avait en 2019 plus de 2200 personnes sans abri. Pour aider à résoudre ce problème, le gouvernement de la Colombie-Britannique s’est engagé en avril 2019 à prévoir des fonds pour augmenter la disponibilité de logement modulaire temporaire dans toute la province. En avril 2020, il y avait 663 unités de logement modulaire à Vancouver.
Avi Friedman, professeur d’architecture à l’Université McGill à Montréal, croit que la tendance à des logements plus petits reflète l’économie. Construire des logements plus spacieux coûte plus cher. De plus, de nombreux Canadiens ne fondent plus une famille. Selon Statistique Canada, le nombre de naissances a baissé de 3 % entre 2014 et 2018. Pour ceux qui ont encore des enfants, les familles sont plus petites que dans le passé, et elles n’ont pas besoin d’habitations aussi grandes qu’avant.
Le Pr Friedman indique que les acheteurs veulent initialement de grandes maisons, mais les milléniaux, quand ils se décident à acheter, n’ont tout simplement pas les moyens de payer une habitation aussi grande que celle de leurs parents. Dans le passé, ajoute-t-il, la première maison était souvent une maison unifamiliale; aujourd’hui, la plupart des acheteurs commencent la vie d’adulte en vivant dans un appartement.
Même si les micromaisons peuvent aider à atténuer les pressions sur le marché du logement dans des endroits comme Toronto et Vancouver, le Pr Friedman ne voudrait pas en voir dans tous les quartiers. Il voudrait qu’elles soient considérées comme une possibilité parmi un éventail d’options.
Par ailleurs, le Pr Friedman incite les municipalités à innover, en autorisant des solutions souples face aux problèmes de logement. « Ce que les municipalités peuvent faire, dit-il, est de réviser des règlements municipaux archaïques datant des années 1940 et 1950, et de les actualiser en tenant compte de la réalité économique et sociale d’aujourd’hui. »
Que diriez-vous d’une yourte?
Si la maison-conteneur ou la micromaison ne sont pas pour vous, il y a une ancienne solution vous rapprochant de la nature qui pourrait vous intéresser. La yourte est essentiellement une tente circulaire. Patrick Ladisa dirige l’entreprise Yurta, fabricant de yourtes établi à Toronto. Il affirme qu’il a toujours été intéressé à l’architecture minimaliste. Son entreprise a produit sa première yourte en 2004, comme abri de secours ou logement économique.
Aujourd’hui, elle fabrique deux formats : 13 pieds de diamètre (133 pieds carrés) et 17 pieds de diamètre (226 pieds carrés). Les deux ont des murs de 6 pieds ou 7 pieds. Leur coût varie de 10 500 $ à 11 500 $, avec des options d’isolation allant de 3500 $ à 4000 $. Il y a aussi des options telles que fenêtres, porte solide et sortie de cheminée. Par contre, il n’y a normalement pas de plomberie. Pour Patrick Ladisa, l’intérêt de la yourte par rapport à la maison-conteneur ou à la micromaison est la proximité de la nature et du plein air.
Comme tout bon projet d’entreprise, Yurta a évolué depuis qu’elle a percé sur le marché des loisirs. Aujourd’hui, des gens utilisent ses structures pour loger des invités au chalet ou comme substitut à une cabane dans le bois.
Le financement d’une habitation non traditionnelle
Avant d’acheter une maison préfabriquée, il y a quelques facteurs à prendre en compte au sujet du financement.
- Il n’est possible d’obtenir un prêt hypothécaire que si la maison est fixée à un terrain qui appartient à l’acheteur ou sera acheté par l’acheteur. Sinon, il faut un prêt mobilier (semblable à un prêt automobile).
- L’âge de la maison préfabriquée détermine le montant maximum autorisé du prêt. Vous ne pouvez amortir la propriété que pour le reste de la durée de vie économique prévue de la maison, moins cinq ans.
- Une mise de fonds d’au moins 20 % est requise à l’achat d’une maison préfabriquée et du terrain – comme pour un prêt hypothécaire ordinaire. Si le terrain vous appartient déjà, le financement tiendra compte de la valeur nette du terrain.
- L’emplacement importe! Si vous prévoyez installer votre maison préfabriquée sur un terrain isolé ou dans une région isolée, les chances d’obtenir du financement sont plus faibles.
Tout ceci peut paraître difficile, mais il faut se rappeler que les prêteurs changent constamment leurs critères et sont toujours intéressés à augmenter leurs portefeuilles, révisant la liste des types de maison et de propriété qu’ils sont prêts à financer. Pour bien comprendre les options qui s’offrent à vous, consultez un courtier des Centres hypothécaires Dominion. Il vous donnera un avis d’expert sur le financement domiciliaire et les autres options auxquelles vous pourriez avoir accès.