Publié par Sherry Cooper
La croissance de l’emploi au Canada plafonne en février.
La faible création d’emplois au Canada ouvre la voie à un assouplissement monétaire la semaine prochaine
Les nouvelles données de l’Enquête sur la population active sont plus faibles que prévu, indiquant une minime croissance de l’emploi le mois dernier. L’emploi est demeuré stable en février (+1100; +0,0 %), après avoir enregistré trois hausses mensuelles consécutives totalisant 211 000 (+1,0 %) en novembre, en décembre et en janvier. Par rapport à un an plus tôt, l’emploi est en hausse de 387 000 (+1,9 %) en février.
Le taux d’emploi – la proportion de la population âgée de 15 ans et plus qui occupe un emploi – s’est maintenu à 61,1 % en février, après avoir progressé pendant trois mois d’affilée. Le taux d’emploi avait précédemment diminué de 1,7 point de pourcentage d’avril 2023 à octobre 2024, la croissance de l’emploi ayant été dépassée par la croissance démographique.
Le nombre d’employés dans le secteur privé a peu varié en février, après avoir augmenté en décembre (+39 000; +0,3 %) et en janvier (+57 000; +0,4 %). L’emploi dans le secteur public et le travail autonome ont également peu varié en février.
Le total des heures travaillées a diminué de 1,3 % en février, la plus forte baisse mensuelle depuis avril 2022. Par rapport à un an plus tôt, le total des heures travaillées est en hausse de 0,5 % en février 2025.
D’importantes tempêtes hivernales ont enseveli des régions du centre et de l’est du Canada sous la neige pendant la semaine de référence de l’EPA (du 9 au 15 février). Au total, 429 000 employés ont perdu des heures de travail en raison des conditions météorologiques (données non désaisonnalisées). Ce nombre est plus de quatre fois supérieur au nombre moyen d’employés qui ont perdu des heures de travail en raison des conditions météorologiques en février au cours des cinq dernières années (96 000).
Le taux de chômage s’est maintenu à 6,6 % en février, après avoir reculé en décembre (-0,2 point de pourcentage) et en janvier (-0,1 point de pourcentage). Le taux de chômage avait précédemment suivi une tendance à la hausse, passant de 5,0 % en mars 2023 à un sommet récent de 6,9 % en novembre 2024.
En février, le taux de chômage des femmes du principal groupe d’âge actif a diminué de 0,2 point de pourcentage pour s’établir à 5,4 %. Chez les hommes du principal groupe d’âge actif, le taux de chômage a progressé de 0,3 point de pourcentage pour atteindre 5,9 %, en raison de l’augmentation du nombre de chercheurs d’emploi.
Chez les jeunes, le taux de chômage a reculé de 0,7 point de pourcentage pour s’établir à 12,9 % en février, après avoir enregistré une baisse similaire en janvier (-0,6 point de pourcentage). Au cours de ces deux mois, le nombre de jeunes chômeurs à la recherche de travail a diminué de 41 000 (-9,3 %), tandis que l’emploi des jeunes a augmenté de 22 000 (+0,8 %). Le taux de chômage des jeunes a atteint 14,2 % en août et en décembre 2024; c’était son plus haut niveau en 12 ans (à l’exception des années 2020 et 2021, pendant la pandémie de COVID-19). Il avait suivi une forte tendance à la hausse pendant la majeure partie de 2023 et de 2024.
En février, l’emploi a augmenté dans le commerce de gros et de détail (+51 000; +1,7 %). L’emploi dans ce secteur a bien progressé ces derniers mois; augmentant de 107 000 (+3,7 %) après son récent creux de juillet 2024, ce qui a contrebalancé les baisses de la première moitié de 2024. Par rapport à 12 mois plus tôt, le nombre de personnes travaillant dans ce secteur a peu varié.
Le nombre de personnes travaillant dans le secteur de la finance, des assurances, des services immobiliers et des services de location et de location à bail a progressé en février (+16 000; +1,1 %), en hausse pour une deuxième fois en trois mois. Par rapport à un an plus tôt, l’emploi dans le secteur est en hausse de 60 000 (+4,3 %).
En revanche, l’emploi a reculé en février dans le secteur des services professionnels, scientifiques et techniques (-33 000; -1,6 %). La croissance de l’emploi dans ce secteur a été modérée au cours des derniers mois, après avoir suivi une forte tendance à la hausse de juillet 2023 à novembre 2024.
L’emploi a aussi diminué dans le secteur du transport et de l’entreposage (-23 000; -2,1 %) en février, après avoir progressé de 17 000 en décembre et de 13 000 en janvier. Par rapport à un an plus tôt, l’emploi dans le secteur est en baisse de 29 000 (-2,6 %).
Le total des heures travaillées a diminué de 1,3 % au cours du mois, mais il est en hausse de 0,5 % par rapport à 12 mois plus tôt.
En février, le salaire horaire moyen des employés a augmenté de 3,8 % (+1,32 $ pour atteindre 36,14 $) par rapport à un an plus tôt, après avoir progressé de 3,5 % en janvier (données non désaisonnalisées).
En somme
Compte tenu de l’affaiblissement de la croissance et des revirements tarifaires du président américain Donald Trump qui jettent un voile d’incertitude sur l’économie canadienne et son commerce avec son plus grand client, la Banque du Canada réduira sans doute son taux directeur pour une septième fois consécutive le 12 mars.
Le dollar canadien a brièvement baissé à son creux du jour contre le dollar américain, se transigeant à 1,4337 $ à 8 h 35 à Ottawa, après la publication simultanée de chiffres également faibles sur l’emploi aux États-Unis. Le rendement canadien sur deux ans a perdu 3 points de base, s’établissant à 2,60 %, suivant une tendance plus vaste dans les rendements des marchés développés.
Les rapports d’aujourd’hui pour le Canada et les États-Unis sont les plus récents indices d’un affaiblissement des marchés nord-américains du travail. Davantage de personnes sont sans emploi à titre permanent, les fonctionnaires fédéraux sont moins nombreux, et le nombre de travailleurs à temps partiel pour des raisons économiques a bondi. Le nombre d’Américains travaillant à plus d’un emploi a atteint presque 8,9 millions.
La conjoncture est donc faible, alors qu’en même temps, les politiques du président Trump créent de l’inquiétude au sujet de l’économie dans son ensemble. L’inflation s’est avérée tenace aux États-Unis ces derniers mois. Les consommateurs commencent à modérer les dépenses, ce qui pourrait amener les entreprises à reconsidérer leurs intentions d’embauches.
À la lumière des dernières données, les opérateurs en swaps à un jour misent davantage sur l’hypothèse que la Banque du Canada réduira de nouveau le coût du crédit de 25 points de base la semaine prochaine. Ils estiment maintenant que la probabilité en est de 85 %, contre environ trois quarts précédemment.
Les nouvelles données sur l’emploi sont les premières d’une période entièrement consécutive au début du deuxième mandat du président Trump. Les mesures que son administration a prises pour réduire l’effectif gouvernemental ont déjà contribué aux plus grandes annonces de licenciements vues depuis la pandémie, d’après d’autres données publiées jeudi. Certains économistes pensent que les États-Unis pourraient perdre plus d’un demi-million d’emplois d’ici la fin de l’année par suite des suppressions d’emplois fédéraux et de leurs répercussions dans l’économie.
Par ailleurs, le président Trump impose des tarifs douaniers pour ramener des emplois manufacturiers aux États-Unis. Des entreprises comme Apple et HP envisagent déjà d’investir davantage au pays. À l’inverse, la productrice d’aluminium Alcoa Corp. a prévenu que les tarifs pourraient mener à la perte de 100 000 emplois.
Le Canada et les États-Unis réduisent l’immigration ou renvoient des migrants, risquant de limiter ce qui a été une importante source de croissance de l’emploi des dernières années.