Publié par Sherry Cooper
Les ventes résidentielles plongent en février face aux inquiétudes tarifaires.
L’incertitude des tarifs douaniers mondiaux retient les acheteurs
Les ventes de maisons existantes au Canada ont plongé le mois passé, les inquiétudes liées aux tarifs douaniers refroidissant les acheteurs.
Selon les données publiées lundi par l’Association canadienne de l’immeuble (ACI), le nombre de transactions a reculé de 9,8 % par rapport à janvier. L’activité était à son niveau le plus bas depuis novembre 2023. Le prix de référence des maisons a baissé de 0,8 %. Les nouvelles inscriptions ont baissé jusqu’à effacer les gains constatés en janvier. Le marché de l’habitation reste à la peine malgré le net assouplissement de la Banque du Canada, qui a ramené les taux à un jour de 5 %, en juin 2024, à 2,75 % aujourd’hui – le niveau le plus bas depuis septembre 2022.
Si ce n’était de l’annonce du 20 janvier que les États-Unis imposeraient des tarifs douaniers de 25 % sur les biens canadiens et mexicains, les marchés immobiliers seraient destinés à une forte saison printanière. Bien que nous nous attendions à ce que les taux d’intérêt baissent encore sensiblement, il faudra plus de clarté quant aux perspectives économiques pour que le marché se relance franchement. Nous avons revu à la baisse notre estimation de la croissance aux premier et deuxième trimestres de cette année, et le risque de récession augmente.
La guerre commerciale avec les États-Unis a nettement augmenté l’incertitude. Les marchés du travail se resserrent, le cours des actions est en forte baisse, et les taux d’intérêt diminuent. Les tarifs douaniers feront aussi grimper l’inflation, ce qui incitera la banque centrale à la prudence.
« Dès l’annonce des tarifs, le 20 janvier, un fossé s’est creusé entre les ventes résidentielles enregistrées cette année et celles de l’année dernière, a dit Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI. Cette tendance s’est accentuée tout au long du mois de février, entraînant une baisse significative, mais peu surprenante, de l’activité mensuelle. Cela se traduit déjà par une nouvelle baisse des prix, en particulier dans la région du Grand Golden Horseshoe, en Ontario. »
Les ventes ont baissé dans près de 75 % de tous les marchés locaux, y compris dans presque tous les grands marchés au Canada. La tendance était la plus prononcée dans la région du Grand Toronto et les régions avoisinantes du Grand Golden Horseshoe.
Nouvelles inscriptions
Alors que les ventes et l’offre baissaient dans des proportions semblables, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions à l’échelle nationale a augmenté légèrement, à 49,9 %. Il variait entre 55 et 60 % au quatrième trimestre de l’année dernière. La moyenne à long terme de ce ratio est de 55 %. On parle normalement d’un marché de l’habitation équilibré lorsque le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions se situe entre 45 et 65 %.
À la fin de janvier 2025, près de 136 000 propriétés étaient inscrites à la vente dans l’ensemble des systèmes MLS® canadiens, ce qui représente une hausse de 12,7 % par rapport à l’année précédente, mais qui demeure inférieur à la moyenne à long terme pour cette période de l’année, qui est d’environ 160 000 inscriptions.
« Même si nous continuons de prévoir un printemps plus actif dans le secteur de l’habitation, la menace d’une guerre commerciale avec notre plus grand partenaire commercial laisse planer une grande ombre à l’horizon, a déclaré James Mabey, président de l’ACI. Alors que l’incertitude concernant l’économie et l’emploi incitera sans aucun doute certains acheteurs potentiels à patienter, un contexte où les prix sont moins élevés et où les taux d’intérêt sont plus bas représentera une occasion à saisir pour d’autres. »
À la fin de février 2025, 146 250 propriétés étaient inscrites à la vente dans l’ensemble des systèmes MLS® canadiens, ce qui représente une hausse de 13,1 % par rapport à l’année précédente, mais qui demeure inférieur à la moyenne à long terme pour cette période de l’année, qui est d’environ 174 000 inscriptions.
« L’incertitude des dernières semaines semble inciter certains acheteurs à réfléchir à deux fois avant de prendre des décisions financières importantes, dit le président de l’ACI. Pour d’autres, un environnement de prix plus favorable et des taux d’intérêt plus bas seront une occasion à saisir. »
On comptait 4,2 mois d’inventaire à l’échelle nationale à la fin janvier 2025, soit une hausse par rapport aux résultats qui se situaient tout juste sous les 4 mois en octobre, novembre et décembre. La moyenne à long terme de cette mesure est de 5 mois. Sur la base d’un écart-type au-dessus et au-dessous de cette moyenne à long terme, un marché favorable aux vendeurs serait inférieur à 3,6 mois et un marché favorable aux acheteurs serait supérieur à 6,5 mois.
Prix des maisons
L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) composé et national a baissé de 0,8 % de janvier à février 2025, soit la plus forte diminution d’un mois à l’autre depuis décembre 2023.
C’est dans la région du Grand Golden Horseshoe, en Ontario, que le nouveau fléchissement des prix a été le plus marqué.
L’IPP MLS® composé national (non désaisonnalisé) a baissé de 1 % par rapport à février 2024.
À l’échelle nationale, les prix des logements ont baissé en février
Prix de référence IPP MLS®
Prix global et composé
En somme
Avant la menace de tarifs douaniers, le marché immobilier semblait prêt à une forte relance en vue de la saison printanière.
Malheureusement, la situation n’a fait que se dégrader, surtout que le président Donald Trump ne cesse de répéter que le Canada pourrait devenir le 51e État américain, énervant de plus en plus les Canadiens. Des tarifs douaniers mènent d’abord à des prix plus élevés, les importateurs tentant de refiler les augmentations de leurs coûts aux consommateurs; ensuite, ils entraînent un ralentissement de l’activité économique et des mises à pied, les entreprises et les ménages se serrant la ceinture.
La Banque du Canada viendra certainement à la rescousse en réduisant encore les taux d’intérêt. Ce sera particulièrement important pour le Canada, qui est bien plus sensible aux taux d’intérêt que ne le sont les États-Unis.