Publié par Sherry Cooper
De nouvelles restrictions sanitaires ralentissent la reprise de l’emploi au Canada.
De nouvelles restrictions sanitaires ralentissent la reprise de l’emploi au Canada
Les résultats de l’Enquête sur la population active (EPA) d’octobre, qui viennent d’être publiés par Statistique Canada, révèlent une augmentation de 83 600 emplois – contre 378 000 en septembre et en moyenne 395 000 par mois depuis six mois (voir le graphique ci-dessous). Plusieurs provinces ont resserré les restrictions au nom de la santé publique en réponse à une hausse des cas de COVID-19. Ces mesures visent les restaurants et les bars (à l’intérieur) et les gymnases.
La plupart des nouveaux emplois du mois dernier sont à temps plein. Parmi les personnes qui ont travaillé au moins la moitié de leurs heures habituelles, le nombre de personnes ayant travaillé à partir de leur domicile a augmenté de 150 000. Le travail à distance a continué d’être une adaptation importante pour mitiger les risques pour la santé liés à la COVID-19, et 2,4 millions de Canadiens qui ne travaillent normalement pas à partir de leur domicile l’ont fait en octobre.
Le taux de chômage, 8,9 %, a peu changé en octobre. Il reste largement sous le sommet de 13,7 % en mai. En plus des chômeurs, 540 000 Canadiens voulaient travailler en octobre, mais n’ont pas cherché d’emploi, ce qui représente une diminution de 39 000 par rapport à septembre. Ce chiffre poursuit sa tendance à la baisse amorcée à la suite du sommet de 1,5 million en avril. Si les personnes de ce groupe étaient comptées parmi les chômeurs, le taux de chômage ajusté serait de 11,3 % en octobre.
Le nombre de chômeurs de longue durée – les personnes au chômage qui ont cherché du travail ou qui ont été mises à pied temporairement pendant 27 semaines ou plus – a encore augmenté en octobre. Sans surprise, plus de la moitié (53,3 %) des chômeurs de longue durée vivaient dans un ménage ayant de la difficulté à assumer ses dépenses nécessaires. En octobre, on comptait 448 000 chômeurs de longue durée, ce qui représente le quart (24,6 %) de tous les chômeurs. Les hausses du chômage de longue durée enregistrées en septembre et en octobre sont de loin les augmentations les plus marquées depuis que des données comparables ont commencé à être publiées, en 1976.
L’augmentation de l’emploi ralentit dans le Canada central
L’emploi a augmenté dans les secteurs du commerce de gros et du commerce de détail en Ontario, deux secteurs peu touchés par les nouvelles restrictions liées à la COVID-19. Après cinq mois de hausses totalisant 154 000, l’emploi dans les services d’hébergement et de restauration en Ontario est resté essentiellement inchangé au cours du mois. Il reste 15,7 % en deçà du niveau de février, avant la COVID. L’emploi a reculé dans le transport et l’entreposage.
Après avoir progressé pendant cinq mois consécutifs, l’emploi a peu varié au Québec en octobre, et le taux de chômage y a légèrement augmenté, de 0,3 point de pourcentage, pour atteindre 7,7 %. Les hausses de l’emploi, qui étaient réparties entre plusieurs industries du secteur des services, ont été en partie contrebalancées par la baisse de 42 000 enregistrée dans le secteur des services d’hébergement et de restauration. Le niveau d’alerte de santé publique a été rehaussé dans les villes de Montréal et de Québec. Il est passé à « rouge » le 1er octobre, ce qui a entraîné la fermeture des restaurants intérieurs et de nombreuses installations culturelles. Les déplacements entre les régions de la province ont été déconseillés. Au cours des deux semaines suivantes, plusieurs autres régions du Québec sont passées au niveau d’alerte rouge, et des mesures supplémentaires sont entrées en vigueur.
L’emploi progresse en Alberta et en Colombie-Britannique
En Colombie-Britannique, l’emploi a augmenté de 34 000 (+1,4 %), ce qui s’ajoute aux gains des cinq mois précédents (+302 000). Le taux de chômage a diminué pour un cinquième mois consécutif, en baisse de 0,4 point de pourcentage pour s’établir à 8,0 % en octobre. À Vancouver, l’emploi a augmenté de 52 000 (+3,8 %), à 4,3 % près de son niveau d’avant la COVID.
En Alberta, l’emploi a progressé de 23 000 (+1,1 %), ce qui représente la cinquième hausse en six mois. Après avoir enregistré de fortes baisses d’emplois plus tôt cette année, Calgary a connu quatre mois consécutifs d’augmentations depuis l’été, totalisant 101 000 (+13,6 %). Les augmentations récentes de l’emploi observées à Edmonton ont été plus modestes, en hausse de 60 000 (+9,0 %) depuis l’été.
Les hausses de l’emploi observées en Alberta en octobre étaient réparties entre plusieurs secteurs, y compris les soins de santé et l’assistance sociale, le transport et l’entreposage, ainsi que le commerce de gros et le commerce de détail. L’emploi dans les ressources naturelles a augmenté légèrement au cours du mois, mais il est en recul de 5,2 % par rapport à un an plus tôt.
L’emploi augmente à Terre-Neuve-et-Labrador et à l’Île-du-Prince-Édouard
À Terre-Neuve-et-Labrador, l’emploi a augmenté (+5 900) en octobre, tandis que le taux de chômage a diminué de 2,0 points de pourcentage pour s’établir à 12,8 %. L’emploi a également augmenté à l’Île-du-Prince-Édouard (+900), tandis que le taux de chômage y était essentiellement inchangé, à 10,0 %.
Secteurs durement touchés de l’économie
Les services d’hébergement et de restauration ont été les plus directement touchés par le récent resserrement des mesures de santé publique. En octobre, l’emploi y a reculé pour la première fois depuis avril. En août, l’emploi dans le secteur des arts, de la culture et des loisirs était parmi tous les secteurs le plus éloigné des niveaux d’avant la COVID. Les prochains mois permettront de faire la lumière sur les répercussions des restrictions en matière de santé publique sur l’emploi dans ce secteur qui dépend étroitement du tourisme et des voyages, tout comme le secteur des services d’hébergement et de restauration.
Les restrictions sur les voyages et les rassemblements étant toujours en vigueur, les répercussions persistantes de la COVID ont été beaucoup plus importantes sur le transport des personnes que sur le transport des marchandises. Par exemple, l’Enquête sur l’emploi, la rémunération et les heures de travail d’août a révélé que le nombre d’emplois salariés dans le transport en commun et le transport terrestre de voyageurs a diminué de 17,8 % de février à août, tandis que le nombre d’emplois salariés dans le transport par camion, principalement pour les marchandises, a reculé de 7,9 % au cours de la même période. De même, en août, les principaux transporteurs aériens canadiens ont transporté moins de passagers (-86,8 %) que 12 mois plus tôt, et le réseau ferroviaire canadien a transporté moins de marchandises (-14,7 %). Dans la construction, l’emploi a peu varié pour un troisième mois consécutif en octobre, après avoir progressé de 190 000 (+16,2 %) d’avril à juillet. L’emploi dans la construction se situait en octobre à 7,5 % (-112 000) en deçà de son niveau de février. Les données récentes sur les mises en chantier indiquent une baisse de 5,0 % de septembre 2019 à septembre 2020, à la suite de deux mois de fortes hausses d’une année à l’autre.
La croissance de l’emploi reprend dans le commerce de détail
Après avoir marqué une pause en septembre, la croissance de l’emploi a repris dans le commerce de détail, en hausse de 31 000 (+1,4 %) en octobre. La majeure partie de l’augmentation a été enregistrée en Ontario. De février à avril, l’emploi a reculé de plus d’un cinquième (-22,9 %; -517 000), en raison de la fermeture de commerces de détail pendant la première vague de la COVID. En octobre, les mesures de santé publique prises en réponse à la deuxième vague ne comprenaient pas la fermeture de commerces de détail. L’emploi dans ce secteur s’est situé 5,1 % (-115 000) en deçà de son niveau d’avant la COVID et 2,4 % (-54 000) sous son niveau d’octobre 2019.
Les gagnants
L’emploi s’est situé à un niveau supérieur à celui d’avant la COVID dans trois secteurs en octobre : le commerce de gros, les services professionnels, scientifiques et techniques ainsi que les services d’enseignement.
Dans le commerce de gros, l’emploi a augmenté de 15 000 (+2,3 %) en octobre, sous l’effet des hausses enregistrées en Alberta. L’emploi dans ce secteur s’est situé 5,6 % (+35 000) au-dessus de son niveau de février. Les dernières données sur le commerce de gros montrent que les ventes ont augmenté pour un quatrième mois consécutif en août et qu’elles se situaient à un niveau 1,7 % supérieur au niveau d’avant la COVID.
L’emploi a progressé pour un quatrième mois consécutif dans les services professionnels, scientifiques et techniques, en hausse de 42 000 (+2,7 %) en octobre. L’augmentation la plus marquée a été enregistrée en Ontario (+23 000). À la suite de cette progression, l’emploi dans le secteur était 3,3 % (+51 000) au-dessus de son niveau d’avant la COVID. La sécurité d’emploi chez les employés dans ce secteur, qui comprend la conception de systèmes informatiques et les services connexes, l’architecture, le génie et les services connexes ainsi que les services juridiques, a tendance à être plus grande que dans d’autres secteurs.
L’emploi a peu varié dans les services d’enseignement en octobre, mais il était 2,8 % (+39 000) supérieur à son niveau de février. Comparativement à octobre 2019, l’emploi dans ce secteur a augmenté de 32 000, en partie du fait que certaines administrations ont augmenté leurs effectifs pour soutenir les adaptations apportées aux salles de classe en raison de la COVID.
Par rapport aux autres secteurs, une proportion relativement élevée de travailleurs des services d’enseignement (25,8 % en 2019) sont des employés temporaires, une proportion relativement élevée du personnel enseignant étant embauché sur contrat. Bien que le nombre d’employés temporaires ait diminué de façon prononcée à la suite de l’arrêt initial de l’activité économique lié à la COVID-19, il s’est redressé en octobre (peu de variation d’une année à l’autre, données non désaisonnalisées), ce qui a aidé à stimuler l’emploi total dans le secteur. Les employés permanents dans les services d’enseignement ont aussi contribué à la reprise dans ce secteur par rapport à un an plus tôt. En octobre, le nombre d’employés permanents a enregistré une hausse de 5,6 % par rapport à 12 mois plus tôt (données non désaisonnalisées).
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La pandémie aura aussi sans doute des effets durables sur les préférences et les comportements des consommateurs et des entreprises. Voilà qui pourrait entraîner des changements dans la structure de l’économie et peser sur son potentiel. L’ampleur de ces effets et le moment où ils se manifesteront sont difficiles à prévoir. Cela étant, les perspectives de l’activité économique canadienne et mondiale restent exceptionnellement incertaines.
Le plus récent rapport COVID Consumer Spending Tracker du groupe Recherche économique RBC indique que les inquiétudes suscitées par la deuxième vague ont augmenté la part des achats faits en ligne. Les dépenses des ménages, les dépenses pour les vêtements et les ventes au détail sont restées stables, tandis que les dépenses de voyage ont continué de baisser. Les dépenses sur les sorties au restaurant ont baissé légèrement le mois dernier, le temps plus frais réduisant l’intérêt des repas en terrasse. Les dépenses consacrées au divertissement ont aussi baissé légèrement.
Les chambres immobilières régionales de Vancouver, Toronto et Montréal ont publié leurs rapports d’octobre montrant que les ventes et les prix continuent d’augmenter sauf dans le domaine des condos – surtout les plus petits condos destinés au marché de la location. Vu l’effondrement du tourisme, le marché de la location à court terme s’est évaporé. De nombreux logements Airbnb ont été mis en vente ou ont été réaffectés au marché de la location à long terme, ce qui fait baisser les prix. Le manque d’immigration cette année a contribué au déclin du marché de la location. Les inscriptions de condos augmentent plus vite que les ventes dans de nombreuses régions. Par contre, dans les immeubles de faible hauteur, l’offre reste très limitée et les prix continuent d’augmenter. Nous reviendrons plus en détail sur les tendances du marché de l’habitation lorsque l’Association canadienne de l’immeuble publiera ses données vers la fin de la semaine prochaine.